Ce clown, dont on ne connaît pas l’identité mais qui se plait à se penser en Richard III lui-même, en est possédé par les traits de caractère. Il fait montre de la même volonté infaillible, la même cruauté, motivée par une implacable loyauté envers lui-même et qui s’accompagne aussi d’une douloureuse culpabilité qui le poursuit jusque dans sa cellule. Elle se manifeste sous la forme peu ragoûtante d’une carcasse de cheval encore sanguinolente qui se rappelle à son humanité comme toutes ces vies qu’il a ôtées. « Un cheval, mon royaume pour un cheval ! » s’écrie le Richard III de Shakespeare quelques minutes avant d’être tué par son rival. Ici, le cheval est putrescent comme le royaume qu’il a conquis par la mort, presque malgré lui, et il engloutit notre homme sous son poids mortifère. Revêtu de ce cadavre, ce prisonnier finit écrasé, très littéralement, par sa folie, abandonnant à sa jumelle le fardeau de son corps massacré. Et surtout, la laissant seule face à elle-même : Me in front of me.